C’est une femme longue, aux cheveux bruns et au sourire solaire qui s’illumine tous les matins, même en hiver. Ouvrir son album de souvenirs, c’est s’offrir un tour du monde avec beaucoup d’escales. Son va-et-vient entre l’Amérique et la Suisse rend l’épopée périlleuse, mais les solutions ont toujours été astucieuses. Depuis toute petite, Barbara déménage d’une ville à l’autre au gré des mutations professionnelles de son père, un scientifique spécialisé dans la recherche. L’enfance de Barbara se déroule sous des auspices aussi favorables que ses exploits sportifs. L’adolescente est recrutée pour ses talents de basketteuse. Du haut de son mètre huitante-deux, Barbara est évidemment en poste sous le panier. La jeune athlète donne son maximum pour marquer le plus de points possible. Ses changements de pays cesseront à l’âge de 18 ans au moment où la jeune fille choisit de poursuivre ses études en Suisse. Elle est aujourd’hui peintre aquarelliste et enseignante d’activités créatrices. Ce sont ces petites histoires à touche humaine qu’elle sait si bien raconter et qui la rendent si sympathique. Surtout quand elle sourit, et comme elle sourit souvent… Barbara B. est ouverte à l’échange.

Interview par MaryLis Schindelholz, ARVA: MERCI BEAUCOUP!

MaryLis sChi: Tes parents te poussaient-ils à te dépasser?

.Barbara B..: Le mode de vie de ma famille m’a incitée à développer des capacités d’adaptation. J’ai acquis la nationalité américaine à Boston quand j’y suis née le 22 mai 1979. J’ai ensuite vécu ma petite enfance à Zurich où j’ai parlé l’allemand jusqu’à mes 6 ans. Toute ma scolarité obligatoire s’est déroulée dans le canton de Vaud avant de repartir aux États-Unis avec mes parents et ma sœur en 1994.

MaryLis sChi: Combien de passeports possèdes-tu aujourd’hui?

.Barbara B..: J’ai renoncé à ma nationalité américaine en 2015. Je suis Suissesse par ma maman qui est originaire de la partie romande du canton de Berne. Mes grands-parents du côté paternel, étaient Hollandais. La profession scientifique de mon père lui ayant ouvert les portes d’instituts internationaux, notre famille a souvent déménagé.

MaryLis sChi: T’est-il arrivé de te sentir prisonnière de ce statut d’expat?

Barbara B..: Mes parents ont quitté les États-Unis pour s’installer à Paris en 1996. J’avais le choix de revenir en Europe avec eux ou de terminer mes études en Amérique. À 17 ans, j’ai continué seule à la High School de Tallahassee en Floride où l’entraînement quotidien de basketball était soutenu. Mon équipe de basket attirait une foule d’étudiants entassés sur les gradins lors des matchs. Étant mineure, je logeais dans une famille tout en m’assumant comme si je vivais en solo dans un studio. Il m’a fallu m’habituer à cette indépendance précoce.

Interview par MaryLis Schindelholz, ARVA: MERCI BEAUCOUP!

MaryLis sChi: Au sommet de ta gloire de basketteuse, les sensations fortes de la compétition sont-elles une partie de plaisir au quotidien?

.Barbara B..: Cette discipline sportive est palpitante mais éprouvante physiquement. En tant que jeune fille, il est essentiel de jouer sans se montrer faible. Durant trois ans, de 15 à 18 ans, je m’entraînais au minimum deux heures par jour. À la fin du gymnase, j’ai l’opportunité de couvrir mes frais d’études grâce à la bourse qui m’était allouée si je rejoignais l’équipe de basket de l’université de Tampa en Floride. En 1997, j’ai décliné cette offre de pratiquer un sport de haut niveau et j’ai quitté définitivement l’Amérique. J’ai emporté avec moi les effets bénéfiques du basketball qui a entretenu ma forme physique et m’a donné le goût de l’effort. Mon coach m’a aussi appris à ne jamais renoncer.

Renouveler le style…

MaryLis sChi: Le mal du pays de ton enfance est un déclic qui te fait revenir en terre vaudoise. Tes qualités de contact et d’élocution ont-elles facilité l’accès à la Haute École Pédagogique?

.Barbara B..: Peut-être, mais ce n’est pas suffisant. Sitôt installée à Lausanne, j’apprends que mon diplôme américain n’est pas reconnu en Suisse. Je rempile des études au gymnase de Lausanne en vue d’entrer à l’École Normale (actuel HEPL).

MaryLis sChi: La reconversion te réussit plutôt bien. À 21 ans, tu décroches ton diplôme d’institutrice…

.Barbara B..: Oui, j’ai travaillé du côté de Villeneuve et aujourd’hui à Pully. De 2000 à 2014, j’ai enseigné à l’école primaire où j’ai donné toutes les branches scolaires à des élèves de 8 à 10 ans. Actuellement, je suis contente de transmettre uniquement les Activités Créatrices aux jeunes qui apprennent à créer de leurs propres mains.

 

Interview par MaryLis Schindelholz, ARVA: MERCI BEAUCOUP!

MaryLis sChi: Quand le destin sème des grains de sable dans le corps, où trouver un autre espoir?

.Barbara B..: Je ne jouais plus que deux fois par semaine au basket dans l’équipe de Lausanne. Bien que ce soit nettement moins intense qu’aux États-Unis, j’ai commencé à souffrir de mal de dos suite à une blessure due au sport. En 2006, les médecins me conseillent de mettre un terme à ma carrière sportive. Sans renier ma vie de compétitrice, je la quitte en gardant le meilleur de ce qu’elle m’a appris: la persévérance dans les moments difficiles et la communication avec toutes sortes de gens. Quand j’ai dû arrêter le basket à 27 ans, j’ai tout de suite exploré l’artisanat qui est devenu mon moteur!

MaryLis sChi: Qu’est-ce qui t’a donné envie de peindre?

.Barbara B..: J’ai toujours aimé dessiner. À l’âge de 3 ans, je copiais du Paul Klee aux crayons de couleur. Il paraît que c’était vraiment ressemblant d’après mes parents qui ont accompagné ma passion sans me forcer.

MaryLis sChi: Le fait de changer d'outils a-t-il modifié ta façon d’aborder la créativité? Qu’est-ce qui te fait réellement vibrer?

.Barbara B..: De 2011 à 2014, j’ai suivi une formation en vue d’enseigner les Activités Créatrices. J’aime transmettre l’art du «self made men» aux élèves de troisième à sixième année en leur apprenant, entre autres, à coudre à la main et à la machine.

MaryLis sChi: Comment se construit-on autour des valeurs de l’art?

.Barbara B..: J’ai suivi un cours d’aquarelle durant une semaine à Poulz, en France, avec Bernard Völmy. Quand ce dernier a quitté son atelier-galerie à Mézières pour s’installer dans le Gard, Mathilde Fenet a commencé à donner des cours d’aquarelle en Suisse.

MaryLis sChi: Le succès… c’est l’amour de réaliser quelque chose de plaisant…

 

.Barbara B..: J’ai arrêté de peindre à l’huile et à l’acrylique. J’ai également cessé de coller des reliefs sur les toiles lorsque j’ai découvert l’aquarelle en 2012. Cette technique me permet de promener le pinceau sur le papier en me déconnectant de tout le reste du monde. J’aime me donner des défis, notamment en effectuant des aquarelles sur commande.

MaryLis sChi: Le voyage est une source infinie d’inspiration…

.Barbara B..: Je ramène plein de photos de mes vacances, d’Australie et d’Amérique de l’ouest, en particulier du Grand Canyon et de mes escapades en Suisse. Les paysages et les rencontres sont pour moi la promesse de nouvelles sources d’inspiration. Je peins à l’aquarelle d’après mes photos sur des feuilles en coton de 300 g. J’utilise des blocs d’aquarelle Arches de formats A4 et A3 et une trentaine de pinceaux. Ma palette est limitée à six couleurs de base: deux rouges, deux bleus, deux jaunes.

MaryLis sChi: Tu n’en es qu’aux balbutiements en tant que blogueuse…

.Barbara B..: J’ai commencé par éditer un book en version papier. C’est à la fin de l’année 2010 que je me suis lancée dans la mise en page d’un site www.lecoupdepinceau.com sur lequel j’ai écrit: «Je peins et je bricole un peu lors de mon temps libre et j'ai envie de partager ce que je fais.» Depuis, j’alimente régulièrement mon blog en ajoutant mes dernières aquarelles ainsi que les lieux d’expositions où je présente régulièrement mes peintures.

MaryLis sChi: Pour toi, un ami pourrait ressembler à un gâteau au chocolat: «Un délice au cœur tendre dont on ne se rassasie jamais»! Quelle gourmande es-tu?

.Barbara B..: Terrible! Je suis obligée de me restreindre sinon je ne mangerais que du sucré. Je passe du bon temps dans ma cuisine pour préparer des repas et confectionner des pâtisseries: c’est agréable de les déguster avec des amis.

MaryLis sChi: Qui se trouve au premier rang des figures qui te boostent?

.Barbara B..: J’avance dans la vie de manière différente que mes parents, mais avec autant de détermination que de créativité. J’ai grandi dans une famille dont les membres sont hyperactifs dans leurs univers respectifs. Au seuil de sa retraite, ma maman n’a pas hésité à voyager dans des contrées lointaines, toujours à l’affût de nouvelles sensations.

MaryLis sChi: Et toi, où te situes-tu ?

Barbara B..: J'aime découvrir de nouveaux endroits et réaliser de nouveaux projets, juste pour aller plus loin. En juin 2017, j’ai participé à un stage de plongée sous-marine. Durant l’été, j’axerai mes activités sur de nouvelles techniques de peinture artistique.

 

 

Reportage

MaryLis sChindelholz

Juillet 2017

 

Interview par MaryLis Schindelholz, ARVA: MERCI BEAUCOUP!
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