Texte de présentation pour l'exposition à Crêt Bérard:

 

Barbara B. a une œuvre vraie, ou plutôt une œuvre en double comme l’indiquent ses initiales. Ses tableaux en peinture acrylique, comme ses collages, décorent les murs les plus gris et égayent les pensées les plus sombres. Ses notes de couleurs vives en clef de jazz composent une musique pleine de bonne humeur : une sarabande qui donne le moral sur une carte de vœux ou dans un intérieur un peu mornes. Cependant Barbara est beaucoup plus qu’une simple décoratrice. Voyez par exemple ses sculptures. Ses figures minéralogiques et ses visages chamaniques suggèrent un monde intérieur au seuil duquel nous méditons avec elle.

 

Mais c’est en admirant ses aquarelles que l’on comprend mieux la profondeur de l’inspiration qu’elle trouve dans le superbe environnement où elle vit : celui du lac Léman qu’elle nous fait découvrir en surplomb, celui des vignobles dégringolant en terrasses et des coins de village accrochés au bleu du ciel. Barbara transfigure des paysages dont nous avions remarqué la beauté au cours de nos promenades. Elle en dégage une métaphysique de la simplicité : « mais oui, c’est bien cela !» se dit-on devant ses aquarelles. C’est d’abord la sobriété de son propos qui nous attire. Aucune emphase, bien au contraire, Barbara va chercher modestement ce qu’il y a de plus essentiel dans tel détail émouvant de son cadre de vie. On découvre, dans « Le vignoble sous la neige », le négatif en noir et blanc de la chaleur flamboyante des couleurs estivales : aussitôt nous sommes renvoyés à la palette infinie de ces terrasses lacustres. De même ses « Paysages lors d’une sortie raquette » nous invitent au froid verdâtre qui masque un superbe alpage. Elle peut aussi évoquer la chaleur des teintes d’un « Automne dans le Lavaux »  par la somptuosité des bruns et des rouges plongeant dans le lac azuré. Son « Arbre hivernal » scintille en noir dans la solitude neigeuse pour nous indiquer le chemin de son âme d’artiste. « En route pour le Valais », elle va au-delà d’une peinture intimiste pour dresser une fresque grandiose de la montagne suisse.

 

Barbara ne s’est pas limitée à son environnement helvétique. Ainsi elle a saisi la beauté linéaire des « Champs de lavande » qu’on admire en Provence : elle a su rendre leur rythme naturel tel qu’on l’entend dans le « Piano bien tempéré » de J. S. Bach. Elle a même exploré les ondulations harmonieuses du paysage toscan dont elle a ramené ses « Méditations en Toscane » qui invitent au voyage intérieur. Parfois sa peinture prend une tournure presque abstraite tant le sujet est investi d’un regard en abîme. C’est ainsi qu’un ponton reflète dans sa concentration toute la profondeur du lac qui le porte : « Vous embarquez ? ». C’est aussi à entrer dans l’univers d’une maison aux « Volets ouverts » qu’invite l’obscurité des vitres.  

 

C’est bien le mystère fécond qui caractérise le mieux les aquarelles de Barbara B. On la sent elle même surprise par la beauté de son œuvre, par l’élan qu’elle déploie depuis ses premiers pas en acrylique. Et, en admirant son œuvre, on devine déjà qu’elle va franchir cette étape en beauté, et nous réserver bien des surprises : celles d’un vrai talent qui  a tant de voies à explorer, tant d’univers à exprimer et à nous offrir. Un talent qui palpite dans les œuvres qu’elle nous propose à Crêt Bérard.

 

 

A.M.

                                                                                             24 avril 2013

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